Serait-ce un moyen de demander encore plus de budget? Un prétexte pour développer des "forces ultrarapides" très puissantes et diversifiées?

Ces réflexions illustrent surtout le pourquoi de la création de l'Alliance.

"Les forces de réaction rapide sont inefficaces", disent les spécialistes militaires de l'Otan. Un constat auxquels les représentants politiques des pays membres n'ont même pas le droit de penser…

Mais de quoi l'Otan est-elle réellement capable contre la Russie sur le plan militaire? Imaginons une seconde le pire, notamment pour les Européens et les militaires américains envoyés en Europe pour "défendre la liberté". Imaginons qu'une guerre éclate vraiment contre la Russie.

Quelle serait la réaction des sociétés de consommation eu Europe et aux USA face à la mort de leurs hommes? Aux dépenses? Comment serait coordonnée toute cette armée "diversifiée"? Comment serait-elle subordonnée à un commandement commun?

Une chose est claire: la doctrine militaire russe implique l'usage de l'arme nucléaire tactique pour sa défense, afin que les gens du pays ne meurent pas inutilement et que l'argent du peuple ne soit pas gaspillé.

Pour l'instant, les "peuples libres" d'Europe utilisent collectivement — non sans peine — des sanctions qui semblent dérisoires par rapport à un conflit militaire réel contre la Russie.

L'Otan, qui vise à maintenir la paix entre les pays du Vieux continent, sert aussi à garder l'Europe sous le pouvoir des USA. Les balivernes sur la prétendue "menace russe" sont un bon argument idéologique aussi bien pour l'un que pour l'autre, mais ne peuvent pas servir de base réelle pour une planification militaro-technique.

Nos "partenaires" voudraient bien voir la Russie brûler dans le feu d'une guerre, mais avec quelles forces? Les Américains voudraient que ce soit les Européens. Les Européens — les jeunes pays d'Europe de l'Est libérés, les anciens membres du Pacte de Varsovie comme la Pologne, ainsi que les pays baltes "héroïques" qui ont rejoint cette dernière. Pour résumer: toutes les anciennes parties de l'Empire russe chargées aujourd'hui de haine antirusse.

Les jeunes pays européens, eux, ne veulent pas non plus sacrifier leur vie ni leur portefeuille. Ces "peuples libres" voudraient que le "ménage civilisationnel" soit fait par les prétendants à l'intégration européenne que sont l'Ukraine et la Turquie.

Une logique libérale parfaite, avant tout sur le plan budgétaire: la sous-sous-sous-traitance doit être assurée par un pays très bon marché, pendant que les autres niveaux de pouvoir partageront le superprofit.

Tout cela paraît absurde si l'on relit le récit des guerres défensives menées par la Russie dans son histoire et au XXe siècle en particulier.

Bien évidemment, le monstre militaire otanien — qui empêche l'apparition d'une armée européenne et d'un véritable gouvernement de l'UE — écrasera facilement un "insecte" comme elle l'a fait avec l'ex-Yougoslavie, déchirée par des conflits intérieurs.

En effet, toute la logique militaro-technique de l'Otan et des USA se base sur le principe d'une supériorité militaro-technique absolue. C'est la logique de la blitzkrieg hitlérienne, c'est la logique d'Hiroshima et de Nagasaki.

L'histoire a montré qu'aucune de ces deux logiques ne fonctionnait avec la Russie. Il n'y aura pas de supériorité absolue, ni nucléaire ni sur un autre plan. Le théâtre des opérations en Syrie a montré que les Russes combattaient parfaitement même quand ce n'était pas forcément pour eux-mêmes. Par conséquent, tout conflit entraînerait d'immenses pertes humaines et matérielles. Le "monstre Otan" n'est pas prêt à affronter le "monstre russe", en aucune circonstance, et le mythe selon lequel l'armée russe serait un ramassis d'alcooliques véreux et de matériel rouillé hors service n'a rien à voir avec la réalité, c'est évident.

Alors pourquoi l'Otan se donne-t-elle la Russie pour raison d'être? Pourquoi s'élargir obstinément et se rapprocher des frontières russes?

Pourquoi faire adhérer de nouveaux pays qui ne pourront constituer, sur le plan militaro-technique, qu'un fardeau ou seront si faibles qu'ils ne pourront apporter aucune contribution réelle? Ils ne peuvent pas verser de l'argent mais veulent avoir de l'influence sur tout? Tout serait aussi insensé?

Non. L'Otan a évidemment un sens militaro-technique, qui réside dans la subordination directe aux objectifs politiques, à la stratégie politique.

Le principe de supériorité militaro-technique absolue (sans lequel, je le répète, la machine de guerre de l'Otan ne fonctionne pas) n'est pas réalisable dans une guerre contre la Russie tant que cette dernière sera un État intègre.

Par contre, si la Russie était démantelée en "démocraties" nationales, une vingtaine ou plus, l'Otan conviendrait parfaitement pour gérer les conflits qui naîtraient entre elles, pour les contrôler, pour occuper l'espace "post-russe".

Dans ce cas, les Européens sérieux recevraient une plus grande part, les autres prendraient les restes mais personne ne resterait les mains vides.

La logique hitlérienne de "conquête de l'espace vital à l'Est" (c'est-à-dire notre territoire) n'a pas disparu pour l'Europe civilisée. Cette fois, simplement, ce n'est pas l'Allemagne qui dirige l'Europe mais les USA, et ce n'est pas une invasion militaire directe qui se prépare en premier lieu mais une occupation de la Russie "déchirée en lambeaux" (comme le président américain Barack Obama s'est permis de s'exprimer) par des méthodes politiques et économiques.

Bien sûr, l'Otan devra rapidement réagir à une nouvelle "révolution russe", dont les valeurs et les objectifs sont la destruction définitive et irréversible de la Russie unie en tant qu'État et sont promus en Russie par la communauté politique libérale, qui est fière de son lien et de son "appartenance" directe aux USA. C'est cet objectif que poursuit la russophobie politique en tout genre. C'est pourquoi le président Vladimir Poutine est inacceptable en tant que symbole et institution de reproduction de la Russie unie, en tant que force concrète qui sauvegarde le pays.

C'est en cela que quoi croient l'Europe, les jeunes pays européens et les pays "presque" européens. C'est ce qui les unit. C'est le principal espoir et pari paneuropéen, qui servira d'excuse aux péchés, aux dépenses et aux crimes. Cette fin justifiera les moyens, les pertes économiques et politiques que l'Europe devra subir sous la pression des USA et dans la confrontation avec la Russie. Mais cette dernière ne peut pas s'effondrer. Et si tout cela ne se produisait pas, à quoi aurait servi tout le reste?

Pour les nouveaux et futurs membres de l'UE, la question se pose de manière encore plus ferme: nous sommes passés du côté du "vainqueur" selon ses conditions (très défavorables) — et alors? Où est la "victoire"? Quand enfin l'Otan devra-t-elle "réagir rapidement"?

Mais la Russie ne s'effondre toujours pas. Elle reste debout, encore et toujours.